Jacques Sourth… voit
Avec Jacques SOURTH, on a envie de mimer le Petit Prince, et de lui dire “dessine moi un mouton”. En fait, le Petit Prince, c’est lui. Il prend le conformisme à rebrousse pinceau. Jacques pense. Sourth peint, avec en marge, la notion de refuge et celle de cadeau.
Lui, il a trouvé le point d’appui pour soulever le monde. Jacques Sourth est un inconditionnel de la vie. C’est ce qui frappe dans ses tableaux. Ne serait-ce que dans les thèmes. Mais encore, cette acuité incomparable qui nous fait toucher du doigt les détails, importants, de l’existence. La noblesse d’une étoffe, la nervure d’une main…
Et l’attente ! Cette attente insondable d’une tempête derrière le calme d’une autre rive ; d’une vie sous l’écorce. On comprend qu’il ne se prête qu’à une seule toile en même temps ! La liberté avec respect, votre honneur ! Grâce à lui, les héros ne sont plus fatigués.
Art majeur
Dix ans durant, il a foulé les chemins du Maroc, de l’Italie, de la Suisse. C’est là qu’il a confectionné des décors de théâtre et de musées. Il en a conservé le goût des lignes courbes et l’envie de pureté. A Montpellier, il semble qu’il est trouvé un havre pour jeter ses encres.
Une toile en cache toujours une autre. Et son œuvre préférée est toujours… la prochaine. Jacques Sourth est le même qu’à ses débuts. Plus professionnel encore, mais toujours aussi simple, spontané et façonné, à son tour, par tous ses éléments qui façonnent les plus grands.
Jacques Sourth : c’est un peu, beaucoup, passionnément, la voix de notre maître.
Inspirez
Sourth est un artiste… inspiré. Un rêve, une idée, une vision, et voici l’envie de peindre qui le prend. Ça arrive toujours ainsi, comme une révélation.
Alors il ploie avec le vent. Dans le même sens. Il se laisse porter par une vague qui le submerge, reprend le dessus, et c’est nous finalement, qui nous laissons emporter.
Au commencement était l’idée. Il la mûrit, l’emmène avec lui, comme il promène le chien, il se laisse aspirer, imbiber. Et, un jour ou une nuit, crac, c’est prêt ! Il peut alors se plonger et plonger dans sa peinture, l’imaginaire au pouvoir. L’inspiration n’a à ce moment qu’à bien se tenir, ici, là bas, ailleurs. L’au-delà au sens premier du terme.
L’inspiration est capricieuse, mais Jacques Sourth est son vieux copain. Elle ne lui pose pas de lapin. Elle sait a qui elle a à faire : 100% de génie. Lui, il a un compte permanent chez elle. Une banque de données sous jacente. Son atelier est un rendez vous privilégié avec la création. Un espace réservé, no entrance. A mi chemin entre le laboratoire et le grenier. Une vaste trousse où l’on entre par la porte (si, si !)
On y retrouve le même flux et reflux que dans ses toiles. Là, on retient son souffle. On avance façon crabe, pour tout voir. Des murs clairs renvoient le jour, il travaille en djellaba. Et là, tiges, pointes en bois, cotons-tiges: béquilles suppléant ses doigts pour les contours délicats. Plus près du sol, Odette, en chien de savant, l’accompagne d’un regard compatissant.
Rose, blanc, bleu : les couleurs de prédilection da Jacques Sourth sont les couleurs de gens de cirque. Manque le rouge, trop agressif. La favorite reste le mauve. Le vert est aussi souvent évoqué. Des tons vacances pour une fresque du sous-entendu.
Il ne voit pas la vie en noir. Ses camaïeux sont autant de sésames pour rougir de plaisir, ou verdir de jalousie.
Et il sait la manier, les manier ses couleurs ! Du bleu qui détresse les langoustes, au rouge qui rend les écureuils fous d’amour. Chez lui, elles ne font pas grise mine. Elles donnent la main au thème de la toile.
C’est-à-dire l’évasion, l’autre versant de l’univers pas si loin que ça. Le tout est de se donner la peine d’entrer.
Avec Elise Coscia en 1987
(Journaliste et critique d’art qui lui a consacré plusieurs articles et surtout un magnifique ouvrage “Peinture de la poésie”)